L’œuvre « courrier » n'est pas un objet à vénérer, au contraire, elle est un objet processuel, éphémère, transformé, inachevé où le temps et le mouvement contribuent à son essence.
J'ai utilisé 3 types d'approches face à ce dessin: le dessin d'observation, le dessin de reproduction et le dessin de mémoire. Chacune de ces approches est en dialogues et s'harmonise dans la représentation d’un paysage forestier.
Dessin de mémoire:
J'ai d'abord voulu commencer par le dessin de mémoire. Cette rivière qui guide notre regard au milieu d'une forêt, ressemble finalement, dans une version plus sombre, à celle que j'ai côtoyé toute mon enfance.
Dessin d’observation:
En regardant les plantes qui habitent mon quotidien, j’ai constaté que plusieurs d'entre elles étaient faites de plastique. Puis en dessinant, il devenait difficile de garder une attention active durant plus de 2-3 minutes. Mes yeux semblaient envahis par le nombre de détails qu’avaient les feuilles.
Dessin de reproduction:
J'ai utilisé une technique de carrelage pour reproduire en dessin de la chute martiné à Desbiens; un endroit que j'ai visité et photographié.
Le papier utilisé provient d'un livre de comptabilité trouvé. Les pages ont été partiellement couvertes par les marques de crayons de bois noirs et rouge.
Pour l'affichage final, de la gommette a été utilisée dès les premières heures du matin pour coller l'œuvre à la vitre d’un vieux métro de la ligne bleue à Montréal. Le format a été réfléchi pour que le dessin habite cet espace. Collé sous l'écran numérique qui montre la date, emprisonné dans cet instant, le dessin était facile à enlever et à plier pour l’emporter chez soi. N'importe qui aurait pu et est peut-être partie avec.
Le métro devient ainsi une sorte de courrier qui est destiné à transporter l’œuvre d’un point A à un point B jusqu’à ce que quelque chose ou quelqu’un l’emporte ailleurs.
Intervention publique documentée par David Rancourt.