L’œuvre nommée Moi, Noah et les autres est en réalité un triptyque qui comprend une installation in situ éphémère, un texte et un dessin. J’ai décidé d’explorer, à l'aide d'une diffusion compartimentée, différentes opportunités d'apprivoiser les publics et ainsi en observer la portée sociale au sein d'un petit échantillonnage.
L’installation initial fut construite sur le lot 5 273 834 que j’ai aussi nommé Noah et dont je me suis imprégné pendant plus de 1 mois et demi. Cette relation que j’entretenais devenait pratiquement religieuse et masochiste. Je m’infligeais le lieu et lui m’enveloppait; m’isolait. Les roseaux communs sont devenus pour moi un habitat rassurant, familier, qui résonnait en moi et traçaient naturellement des lignes dans l'espace. J'ai utilisé la forme du blogue pour documenté à l'écrit hebdomadairement, dans une approche intime, cette relation qui se construisait.
Puis, le 7 décembre, entre 13h30 et 15h, j’ai transporté sur mes épaules une boite mesurant 3 x 6 x 2’ pendant 2,6km dans les rues de Montréal en destination de la salle Pierre Bourgault à l’UQAM.
Le 8 décembre avait lieu le vernissage de l'exposition:
Suivre les traces à ciel ouvert
J'y ai exposé une documentation par le dessin, inachevé, de mon installation in situ. Le papier utilisé pour le dessin provient d’un magazine littéraire recyclé, intitulé Individualisme, et la page choisie a comme sujet le malaise collectif. Réfléchissant sur ce que représente cette collectivité, j’ai demandé que le dessin soit affectueusement « contaminé » par des volontaires. Réassemblé, il est finalement affiché sur un socle en carton et il est également accompagné d’artéfacts; des objets du terrain vague qui m’ont suivi de septembre à décembre.
Je me suis enfermé dans ce socle géant de 12 à 19h. J’ai dessiné à l’intérieur de celui-ci, par intermittence, durant 7h. Je répondais aux sons des visiteurs à l’aide du pastel sur les parois du carton, dans une volonté d’encourager l’écoute mutuelle. À l'intérieur de cette boîte, c'est comme si j'y retrouvais ce qui m'avait rassuré au départ dans les roseaux. À l'abris des regards, mais à l'écoute de la symphonie sociale.